En management, qui trop adoube mal agit
- thomasgrimont
- 1 déc. 2022
- 3 min de lecture
Pourquoi les managers s'entourent-ils trop souvent de clones plutôt que de personnes aux idées différentes, quitte à sortir de leur zone de confort et à être bousculé ? Le fameux syndrome du scarabée, un enjeu de survis de l'entreprise.

Vous êtes devenu une référence dans votre domaine professionnel mais vous n’arrivez pas à obtenir la promotion dont vous rêvez ? Vous ne comprenez pas que certains de vos collègues montent les échelons hiérarchiques de l’entreprise, alors qu’entre nous, ils sont clairement moins bons que vous ? Vous êtes peut-être, sans le savoir, une victime collatérale du syndrome du scarabée.
Les managers favoriseraient les salariés qui leur ressemblent au détriment des autres.
Le syndrome du scarabée, de quoi parle-t-on ?
Dans les années 1950 et 1960, un groupe d’entomologistes (des chercheurs qui étudient la vie des insectes, ndlr) de l’Université de Chicago ont mené diverses expériences avec plusieurs espèces de coléoptères. Ils essayaient de résoudre l’énigme suivante : pourquoi lorsque deux espèces sont réunies dans le même environnement, elles ne cohabitent jamais ? (...)
Après des années de recherches, l’équipe de chercheurs, menée par le célèbre zoologiste Thomas Park, s’est rendu compte que ces insectes connus pour manger leurs propres œufs, étaient encore plus enclins à manger les œufs des autres. En d’autres termes, en laissant plus souvent leurs œufs grandir, les espèces de scarabées favorisent leurs congénères ou semblables jusqu’à faire totalement disparaître les autres.
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« L’hypothèse clé de notre théorie est un phénomène que l’on appelle l’homophonie, c’est-à-dire que les gens favorisent ceux qui leur ressemblent. Et bien sûr, cela s’observe également dans le monde de l’entreprise, en particulier lorsqu’il s’agit de choisir quel collaborateur obtiendra une promotion », souligne le chercheur de l’Université de Brown.
Selon cette théorie, les dirigeants ont tendance à garder le pouvoir et les privilèges pour ceux qui s’intègrent et qu’ils considèrent comme leurs semblables (ils peuvent avoir le même point de vue que le leur sur la stratégie de l’entreprise, avoir fait les mêmes études, venir du même milieu social…).
L’excellence, comme premier critère de sélection entre les salariés est ici remplacée par « la prévisibilité et la fiabilité en vertu de l’appartenance au bon groupe. »
Cela sous-entend que si vous n’obtenez pas de promotion, c’est que vous n’appartenez pas au groupe dominant. Pas besoin d’être trop différent pour être considéré comme un intrus, parfois une créativité débordante, le fait d’être plus diplômé que son manager ou venir d’un autre milieu social suffit. Malheureusement, ce qui nous est inconnu a tendance à inquiéter et finit souvent par être écarté.
Les limites du syndrome du scarabée
Avec cette théorie, c’est tout le système qui est censé promouvoir les meilleures personnes qui est remis en question. (...)
Dans la domaine de la recherche, le syndrome du scarabée aurait tendance à ralentir ou à empêcher l’adoption de meilleures théories et paradigmes scientifiques, parce qu’elles sont moins documentées et donc, moins largement suivies.
Du côté de l’entreprise, si l’on peut considérer que l’homogénéité des profils peut favoriser la bonne circulation de l’information et la coordination, l’entre soi a également des conséquences néfastes : en plus de discriminer les femmes, les séniors et les profils issus de la diversité, cette théorie aurait un impact négatif sur la créativité et l’émergence d’idées neuves. Selon les chercheurs, lorsque les profils se ressemblent tous, l’entreprise finit par “se sur-spécialiser” et n’arrive plus à se renouveler. (...)
Quelles solutions ?
Favoriser la diversité des profils contribue au développement d’un capital innovation important au sein de chaque structure. C’est pourquoi les chercheurs recommandent aux entreprises de s’assurer par exemple que leurs comités représentent toute la diversité des salariés de façon égalitaire, de sorte que les effets du syndrome du scarabée s’arrêtent.
[...] Pour autant, la recherche de performance ne doit pas être la seule raison qui doit pousser les professionnels à éviter le biais cognitif induit par le syndrome du scarabée. En plus d’aider à trouver des solutions et favoriser l’innovation, la diversité améliore le savoir-être de chacun, notamment la tolérance, le respect mutuel, la bienveillance et la curiosité.
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Extrait de "Syndrome du scarabée : les managers favorisent ceux qui leur ressemblent" in Welcometothejungle.com/fr
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